Qui n’a pas déjà eu de discussion au sujet des difficultés à devenir propriétaire, surtout en Suisse? Les fonds propres, la hausse des prix du marché, le calcul de l’admissibilité théorique sont quelques-uns des obstacles fréquemment évoqués au sujet de l’accès à la propriété. Mais avant de se soucier de cet enjeu, ne devrions-nous pas commencer par nous assurer que chacun·e dispose d’un toit et d’un logement digne?
Les mesures pour encourager l’accession à la propriété vont bon train et diverses propositions politiques en ce sens ont été déposées sous la Coupole fédérale. Que l’on me comprenne bien, je ne critique pas le désir individuel de devenir propriétaire – c’est un objectif de vie encouragé dans notre société –, mais je regrette que l’accès à la propriété semble parfois prévaloir sur la garantie d’un logement digne.
Les milieux économiques n’ont de cesse de marteler que l’État dispose de ressources limitées et qu’il faut les utiliser avec parcimonie. Soit, ne faudrait-il pas alors garantir le minimum avant de mettre en place des politiques publiques de confort? Vivant dans un monde fait de limites, il est nécessaire de hiérarchiser nos besoins et par conséquent de prioriser nos engagements.
Car bien que les chiffres en la matière soient peu nombreux, ils reflètent une triste réalité. Une étude élaborée dans le cadre du Programme national de lutte contre la pauvreté établit que 20% de la population vit dans un logement jugé inadéquat et ce chiffre bondit à plus de 80% pour les ménages considérés comme «pauvres». De grandes disparités existent parmi les difficultés rencontrées, mais une chose demeure pour de nombreuses personnes: l’accès à un logement convenable est un défi.
Le phénomène du sans-abrisme n’a pas été évoqué, mais ces situations qui peuvent tant être éphémères que durables nécessitent des solutions concrètes. Car avant même de rencontrer des problèmes de logement, il faut en trouver un. À nouveau, il est difficile de trouver des statistiques, mais les structures d’hébergements d’urgence et certaines études cantonales mettent en lumière les difficultés d’accès à un logement. La Chaîne du Bonheur s’est d’ailleurs enquise de la question en lançant un appel à projets afin que ces personnes sans abri puissent retrouver leur place dans la société.
De graves conséquences
Si le logement n’est pas toujours la source du problème en tant que tel, le montant à payer peut avoir de graves conséquences. Lorsqu’une part importante, voire très importante, du revenu est consacrée au loyer, des sacrifices doivent être consentis sur d’autres dépenses de la vie courante comme l’alimentation, les soins ou la formation.
Entre l’accès à un toit, la crainte de se faire expulser de son logement, la qualité de ce dernier, les diverses nuisances liées, il reste encore bien des domaines dans lesquels il est important d’agir rapidement avant d’allouer davantage de ressources à l’accès à la propriété.
Samuel de Vargas, Coprésident de l'ASLOCA Lausanne