L’apparente satisfaction ne doit pas masquer les déséquilibres du marché locatif !
La Chambre vaudoise immobilière (CVI) et l’USPI Vaud publient aujourd’hui un sondage mettant prétendument en avant un taux de satisfaction élevé des locataires vaudois. L’ASLOCA tient à rappeler que cette satisfaction ne contredit en rien les problèmes structurels du marché locatif mis en lumière dans notre propre étude réalisée en 2021 par Sotomo auprès de plus de 18’000 locataires dans toute la Suisse. Mais pour des milliers de locataires, le système fonctionne mal : loyers en hausse, logements rares, pouvoir de négociation quasi nul.
Il est parfaitement possible d’aimer son logement tout en subissant un marché déséquilibré : loyers trop élevés, pénurie de logements abordables, forte dépendance vis-à-vis du bailleur. Il s’agit d’une satisfaction d’adaptation, pas d’un blanc-seing donné au fonctionnement du système. Ce que démontre l'étude Sotomo, c’est que plus de 70% des locataires ont ou ont eu des problèmes dans leur relation de bail – ce n’est pas contradictoire, c’est complémentaire.
Le sondage effectué par les milieux immobiliers repose sur 1’122 locataires interrogés, contre plus de 18’000 répondant·e·s dans l'étude Sotomo, couvrant toutes les régions linguistiques du pays. Elle mesure des opinions générales, là où la nôtre analyse des situations vécues concrètes : difficultés à trouver un logement, peur de faire valoir ses droits, litiges non résolus, pressions informelles.
De plus, près de 70% des personnes interrogées par la CVI vivent dans leur logement depuis plus de 10 ans – une situation nettement plus favorable que celle des personnes récemment arrivées sur le marché locatif, et donc pas représentative de la réalité actuelle du marché, d'autant qu'il ressort de ce même sondage que 73% des personnes interrogées cherchent un nouveau logement… ce qui leur sera très difficile vu la pénurie actuelle.
En effet, il s'agit d'une réalité que les chiffres ne peuvent maquiller. Notre étude révèle que :
- 75% des locataires ont eu des difficultés à trouver un logement adéquat ou abordable.
- 40% renoncent à demander une baisse de loyer légitime, par crainte de représailles.
Les cas de litiges sont fréquents, et les locataires obtiennent gain de cause dans la majorité des cas quand ils osent faire valoir leurs droits.
Ce sondage vise avant tout à délégitimer les revendications en faveur d’une meilleure protection des locataires, en sélectionnant des chiffres rassurants. Il ne répond en rien aux demandes pourtant massives exprimées par la majorité des locataires : plus de transparence, de contrôle, et de protection. Quand les propriétaires affirment que « le système fonctionne bien », ils parlent du leur.
Au contraire, toutes les enquêtes sérieuses effectuées ces derniers mois, par des médias indépendants notamment, démontrent que le taux d'effort devient insupportable même pour la classe moyenne et particulièrement pour les ménages dont le revenu se situe en-deçà du revenu médian.
C'est dans ce contexte que l'ASLOCA a lancé son initiative fédérale sur le contrôle des loyers, pour enfin permettre à toutes et tous de se loger décemment.